Shaké

Ce peuple mêlent ses villages le long de l'Ogoué en amont de Boué jusqu'au confluent de la Lassio) et sur la route Boué-Lalara. On trouve aussi quelques Shaké au nord de Lastourville et, au nord d'Okondja, des Shamaï, peuple très voisin.

Histoire

Il y avait un village, Konaboudjima, du côté du soleil levant; Ngadi est seul à le citer. Les autres font allusion à une venue du haut Ivindo et à la guerre de Poupou.
Mais tous se réfèrent à un séjour à Ngoungouniénié, près de la montagne Ngouadi (région d’Okondja) : les ancêtres se sont querellés à propos d’une antilope prise au filet, et depuis ils ont formé trois peuples : Danbomo, Shaké, Shamaï.
C’est Brazza qui leur a montré le chemin de l’Ogoué « avec la boussole ». Ngadi dit que les premiers y avaient été amenés auparavant comme esclaves. Brazza les a conduit par la Djidji (Dilo) et fixés près de Boué. Les premiers habitants étaient les Bichiva, qu’on appelait Nyimo « avares » parce qu’ils mangeaient dans la maison; de plus ils étaient anthropophages. Mais les Shaké-Danbomo, plus nombreux, les repoussèrent de l’embouchure de l’Ivindo.
Les Pygmées avaient été anéantis par les Bichiwa. Euxmêmes n’en avaient jamais vu. Les Akélé étaient venus avec eux; lors des guerres avec les Bichiwa, ces Akélé s’enfuirent et remontèrent la Lolo jusqu’à Koulamoutou.

Culture

Techniques et religion
Les forgerons tiraient le minerai de fer du sol pour fabriquer machettes courtes, hachettes, sagaies, couteaux. Ils forgeaient aussi des bracelets en cuivre. Le cuivre, à l’origine, était extrait d’un grand trou près de Mina sur la haute Djidji (Dilo). Les masques recouverts de cuivre étaient achetés aux Ambamba. On les plaçait sur les corbeilles contenant les os des ancêtres : l’os frontal, une vertèbre cervicale, un os du bassin, un des orteils, un des doigts. L’ensemble, appelé mikoukou, était placé dans une maison spéciale.
On lui adressait des prières (diboto), surtout pour partir en chasse, avec offrandes de bananes et de poissons. Hommes de brousse, nullement pagayeurs, modérément agriculteurs, les Shaké-Danbomo étaient autrefois surtout des chasseurs et fournissaient de la viande à Lastoursville, à Boué et à la SHO du conOuent de l’Ivindo. Pour les éléphants, les burnes, les sangliers on fabriquait un piège avec un madrier portant une sagaie (doungo). Les autres animaux étaient pris au filet, avec des chiens. On ne chassait pas les gorilles, parce qu’on en avait peur, ni la panthère considérée comme parent (au moins par certains clans).

Les femmes fabriquaient des poteries, et même des stèles en terre culte. Cette technique a disparu. Les pagnes étaient en écorce de l’arbre tetchi. Puis on a fait des pagnes de raphia. Les maisons, en écorce, très basses, étaient alignées sur deux rangs avec des corps de garde.

Société Patrilinéaire, patrilocale.
L’enfant appartient au père, et, si le père meurt, à l’oncle paternel. Le cadet hérite de la femme de son aîné, non le contraire. Le lévirat était donc limité; le sororat également: la famille de la femme décédée pouvait donner une fille pour ne pas rembourser la dol. Le père perçoit la dot et ne donne rien aux parents maternels. Les clans (samakoko), exogames, étaient nombreux. On ne se mariait guère qu’entre les trois peuples frères et avec les Mahongoué. On n’épousait pas les Fang.
Au-dessus des clans on pouvait désigner des chefs pour la guerre, sans règle d’hérédité; on prenait le plus puissant et « le plus méchant li. Les insignes pour régler les palabres étaient: une coiffure en peau de singe, un chasse mouches en queue de buffle; on frappait un fer pour appeler les gens. On utilisait aussi un tambour de bois recouvert de peau pour les palabres et les danses. Pour annoncer la guerre on se servait d’un grand tam-tam en bois fendu. Autre instrument de musique: la sanza (lingounga) et l’arc à liane frappée.