Pounou

Ce peuple très important occupe, au Gabon, la plus grande partie des quatre districts de Mouila, Ndendé, Moabi et Tchibanga; on le trouve, au Congo, dans les districts de Divénié et de Mossendjo ainsi que près de Kibangou, au nord de la boucle du Niari.

Histoire

Venus du sud du Congo en traversant le Niari (tradition de Mouila); du Niari, de Loango et de Mossendjo (tradition Ndendé), de Bibaka aux sources de la Nyanga (trad. Tchibanga). Guidés par les Pygmées (Babongo) qui « faisaient la boussole» vers « le bon pays», ils ont suivi les savanes de la Ngounié. Ne connaissaient pas le taro et vivaient d’ignames et de bananes. La tradition de Ndendé est celle qui remonte le plus loin: Minga et sa femme, Buanga sont les ancêtres des Bapounou.
Leurs descendants habitèrent Niali, sur la Nyanga; à Kouango, au bord de la Ngounié, eut lieu la séparation. Le clan dominant, les Bou-Mouélé, passa la rivière. Les BouDiala restèrent en deçà, pour conserver leur indépendance. La tradition de Mouila célèbre les Boumouélé. Ce clan descend d’une femme, Simbou, et de son fils Mouélé, fameux magicien. Celui-ci, pour traverser la Ngounié, se frotta la cheville de terre blanche et put envoyer de l’autre côté de la rivière sa jambe sur laquelle passa toute le peuple. Son neveu, Nzamba Simbou, fit aussi de nombreux miracles (5). Le pays avait déjà son aspect actuel: savanes et bouquets forestiers. Seuls s’y trouvaient des Babongo (pygmées) et des Bavoungou (il y a contestation sur ce point). Les Eshira, race mélangée, sont arrivés après. Les différents clans s’installèrent dans la plaine.

C’est plus tard que les Bapounou s’étendirent dans la région montagneuse et boisée de l’ouest (Mayombe des Bapounou) et dans la partie nord de la savane de Tchibanga (en réalité Ibanga : en haut) où ils ne trouvèrent que des Babongo. Les militaires français, venus par Nyanga, occupèrent Tchibanga; d’autres venus par le nord, occupèrent la Ngounié. Le principal événement notable fut la révolte de Moukabou, dans la région de Moabi, avant 1914, où se signala le Sénégalais Boubakar.

Punu - Gabon

Danse sur échasses du masque MUKUYI – Pounou Gabon

Culture

Techniques : Bananes, manioc, ignames, patates étaient cultivés à l’aide des matchettes (ikonga), les haches étroites (dioumbi, itsota) servant au défrichement. On élevait des cabris, des poules, des canards, des moutons. La chasse tenait une grande place : bumes, sangliers, antilopes, oiseaux étaient pris au piège ou au filet et tués à la sagaie. Pour l’éléphant on employait le fusil à pierre. La tradition de Mouila rapporte que le premier forgeron était « une fée) qui résidait sur l’emplacement actuel du chef de région. On lui apportait le minerai de fer et le lendemain on trouvait des haches, des sagaies, des machettes, des cloches. Le minerai de fer, à Ndendé, était apporté par les Batsangui. Le cuivre était importé « par les Américains ». Les femmes Bapounou, comme aujourd’hui, étaient des potières réputées, fabriquant marmites, gargoulettes, casseroles, vases. Les hommes tissaient les fibres des palmiers dignimba en pièces d’environ 1 m sur 0,80 qu’on cousait ensemble pour obtenir des pagnes ou des toges. Le vêtement des femmes était semblable. Elles y ajoutaient des perles misanga, venues de la côte.

Société : Famille matrilinéaire, mais patrilocale. Quand le père meurt, les enfants retournent à la famille maternelle dont le chef est l’oncle (Katsi). Depuis dix ans il y a une évolution dans le système paternel. La dot est payée au père qui partage avec l’oncle maternel. Le lévirat et le sororat étaient obligatoires, ainsi que l’exogamie de clan. Les clans étaient nombreux; les clans Simbou et ouélé semblent avoir eu un rôle prépondérant (certains le contestent). Le chef de clan ou « roi » (moundoumba) réglait les palabres en tenant, comme chasse-mouches, une queue de brume ou une palme, qui avait alors un caractère sacré; il était assisté d’un orateur, pris parmi ses parents. Quand le roi mourait, sa famille (y compris les femmes) choisissait le successeur. Des conseils de chefs de clans pouvaient régler les palabres entre eux ou les affaires d’intérêt commun. Chaque clan, bien que dispersé, avait ses territoires, sur lesquels d’autres pouvaient s’installer avec son autorisation, généralement obtenue par des alliances matrimoniales. Les chefs étaient polygames. Notre informateur Mabikaye a eu vingt-quatre femmes et trente fils.

Nengui - Gabon

Femmes Pounou

Religion : Les reliques des ancêtres importants étaient placées dans une petite maison (iboundzi). Quand on avait besoin de leur entremise, le chef s’y rendait avec une cloche de fer coudée (Kindou), les invoquait, leur présentait une marmite neuvc contenant du vin de palme et en frottait les assistants.
Des cérémonies particulières marquaient la naissance des jumeaux. Les fêtes, surtout les funérailles de personnages importants, étaient accompagnées par l’Okouya, danse du masque blanc (mokodji) sur échasses.

Les Pounou en Vidéo