Oroungou

Les Oroungou occupent l'lle Mandji (cap Lopez, PortGentil) et la zone côtière, depuis le bas Ogoué au sud) jusqu'à Sangatanga au nord.

Histoire

Les deux frères, Ombéké et Edongo vivaient sur la basse Ngounié, près des Eshira. Les uns vinrent par le Fernan Vaz, les autres par le lac Onangué. Ils occupèrent Mbilapè, à côté de la pointe Fétiche (Tchempola).
Ils n’avaient pas de pirogues, mais des radeaux de papyrus. La question se posa : « irons-nous en avant? » Les Ombéké tinrent des conciliabules et partirent. Les Edongo restèrent en disant: « Agoulané » (nous ne changerons pas). D’où leurs noms d’Oroungou et de Galoa.

Ceci se passait il y a très longtemps, avant les Portugais. Les Adyoumba occupaient le Bas-Ogoué. L’île Mandji était déserte. Les Portugais vinrent y pêcher; les premiers s’appelaient Lopez, Loanda, Fernando. Les Adyoumba occupaient le village de Mpembé. Ils apprirent aux Oroungou à faire des pirogues, puis la guerre éclata.

Les Oroungou tuèrent tous les Adyoumba sauf un frère et une sœur qui se réfugièrent au lac Azingo ; là, « ils fermèrent les yeux » (c’est-à-dire qu’ils commirent l’inceste) pour recréer le peuple.

Les Adyoumba parlaient la même langue que les Mpongoué. Les Oroungou parlaient une autre langue, proche de l’eshira; ils ont changé pour le Myéné.

II y a quatre siècles le chef Rétondongo, du clan Aboulia, conduisit, par le Wengoué, son peuple à Mbilapé. Le « grand docteur pygmée » Bendjé lui avait prédit qu’il trouverait un lac dont il serait le maître. D’où le nom d’Eliwa-Bendjé (pays de Bendjé) donné au pays Oroungou. Le chef Adyoumba Répéké résidait au village Izambé. Un jour un Oroungou disparut; on retrouva sa main chez une femme adyoumba.

Les Oroungou furent d’abord vaincus. Mais, grâce au magicien Arouekazé, ils apprirent à faire des pirogues et vinrent, peints en blanc, surprendre les Adyoumba qui les prenaient pour des oiseaux. Les derniers survivants, furent transportés au lac Azingo.

Oroungou

Culture

Bèndjè « grand docteur »

Commerce et esclavage
Les Oroungou vendaient aux Portugais du poisson, des perroquets et des esclaves. Ils extrayaient le sel de l’eau de mer et allaient le vendre sur l’Ogooué avec les marchandises portugaises; tissus, rafia, omboumbou (plat de cuivre jaune rond), perles, colliers, verres, chaudrons, cruches de grès… Ils ramenaient en pirogue les esclaves.

Une barre de fer de 2 mètres (obo) servait de monnaie. Le siège du roi et du trafic était à Sangatanga. Des canons annonçaient l’arrivée des bateaux. Les pirogues pouvaient contenir 20 à 30 hommes; les esclaves avaient les pieds passés dans un bois, mais à Sangatanga on ne les enchaînait pas; « où seraient-ils allés? ».

Société
Les clans (mboué, issombi) sont matrilinéaires; chacun a son chef. On retrouve les mêmes clans chez les autres Myéné. L’héritage va aux neveux maternels. La dot est payée au père qui en remet la moitié à l’oncle maternel.

Il y a 7 clans éteints et 23 vivants : Aboulia, Awandji, Aziza, Arowo, Aguendjé, Ayandzi, Awosidéla, Akossa, Agalikéwa, Agondjo, Awenga, Azino, Azandi, Ayamba, Anori, Alenkognango, Agnigombo, Atomba, Azouma, Aguenda, Ananga, Assono, Ngowé. On retrouve les mêmes chez d’autres peuples, pas seulement Myéné; ainsi aux Aboulia correspondent les Aourou chez les Galoa, les Avogo chez les Nkomi, les Boupé chez les Eshira.

La femme mariée était remplacée dans sa famille par la dot (dans laquelle figurait autrefois un esclave) ; du nombril aux pieds, elle devenait la chose du mari, mais la partie supérieure restait la propriété de sa famille. Le mari pouvait la battre sans la rendre infirme. La veuve devait épouser un héritier, mais pouvait choisir parmi eux.
Le mari pouvait blesser le complice d’adultère et non le tuer et il avait droit à une compensation. L’enfant de deux esclaves devenait esclave a son tour.

L’enfant d’une esclave et d’un homme libre était mbamba. L’enfant d’une mbamba et d’un homme libre était ogaloi. L’enfant d’une ogaloi et d’un homme libre était libre. Mais un esclave pouvait, dans une tribu, accéder à de hautes fonctions. Il y avait des petits groupes de Pygmées, dépendant des clans Aboulia et Aguédjé.

Cérémonie rituel dans leur village

Religion et magie
Les crânes (aloumbi) étaient conservés dans des corbeilles, dans une case à part. On priait les ancêtres, on leur sacrifiait des cabris, on les appelait la nuit avec la cloche. Les sorciers reconnus coupables étaient amarrés sur un bâton et jetés au large. Le Bouiti a été introduit tardivement par des esclaves pindji et tshogo.

Techniques
Des cultures très diverses : igname, manioc (du pays, venu avec eux), bananes, taro, patates. Pirogues à voile carrées et bout pointu, copiées des Portugais. Vente de sel et de poisson sec jusqu’à Njolé en échange de nattes, de cabris, de poules. Filets de fibres d’ananas.
Vêtements en écorce battue et en peaux de chat-tigre; puis vêtements de raphia venus de l’Ogooué. Maisons longues en bambous entrecroisés et toit de paille. Villages très grands: Sangatanga, Nyolokoué. Pas de fortification, mais une épaisse forêt d’arbres plantés autour.

Le manioc, d’importation portugaise s’appelle : loli ni poutou, et sa farine: farinha.

Culture
La musique anime diverses danses : Djembé et lvanga pour les femmes, Obango pour les hommes, Kondjo et Erombo pour les deux sexes.

Jeux: luttes, boxe, combat à la lance et à l’épée, à la hache, au bâton; jeux d’esprit, devinettes; les Portugais leur ont appris le coup de tête et le coup de pied.

L’année était de 6 mois (saison sèche, saison des pluies). Le mois allait de la nouvelle lune au dernier quartier. II n’y avait pas de semaine. II existait un système de signes sur feuilles de bananier permettant de faire des comptes. Division du temps: un nom différent pour les moments de la journée, à peu près toutes les deux heures dans le jour, quatre divisions pour la nuit.