MPONGOUE

Les Mpongouè, auxquels les explorateurs réservaient le nom de « gabonais » , occupaient au XIX· siècle les deux rives de l'Estuaire du Gabon et devaient, par la côte, rejoindre au sud les Oroungou. Aujourd'hui l'avance Fang les a réduits à quelques villages à Libreville et sur la rive sud.

Histoire

Les Mpongouè ont été décrits par de nombreux voyageurs européens. L’abbé Walker leur a consacré une grande partie de son œuvre, entre autres dans ses « Notes d’Histoire du Gabon » Le R. P. Gautier a écrit une étude historique sur les Mpongoué qui a utilisé les traditions orales à une époque où l’on pouvait mieux les connaître qu’aujourd’hui. II m’a paru inutile de recommencer un travail que ces deux incomparables connaisseurs des Mpongouè ont mené à bien dans des conditions très supérieures. Quant à l’origine des Mpongouè, les assertions du P. Gautier qui les place sur le Haut Ivindo « vers le XIIe siècle » sont cependant éminemment critiquables.
Elles reposent uniquement sur l’affirmation d’Avelot, ce qui n’est pas une attitude d’historien. II faut en déduire que, pour cette question d’origine, les traditions orales n’ont rien donné, malgré la considération dont jouissaient le P. Gautier et la connaissance exceptionnelle qu’il avait de tous les Mpongoué.
Ceci n’a rien d’étonnant puisque les « Pongo » étaient déjà sur place à l’arrivée des Portugais et que les traditions orales ne remontent pas aussi haut. Valker est beaucoup plus prudent : « Selon toute probabilité, les Mpongwé, émigrés sur les bords de l’Océan, ne formèrent jamais une peuplade très nombreuse …
C’est vraisemblablement une fraction de tribu détachée du tronc principal resté je ne sais où dans l’hinterland… » Peut être, ainsi que nous l’avons vu affirmer, s’agit-il, au début, d’une fraction des Adyoumba, peuple qui, linguistiquement et ethnographiquement, est le plus proche des Mpongouè. Cette hypothèse n’éclaire d’ailleurs aucunement le problème du pays et de l’origine commune des Mpongouè et des Adyoumba, qu’il s’agisse du Como ou du Bas Ogoué. Il semble, de toute manière, que ce soient des populations particulièrement anciennes au Gabon. La tradition orale, en tout cas, ne pourrait plus aujourd’hui donner plus que n’a recueilli le P. Gautier.
D’autres disciplines, surtout la linguistique, apporteront peut-être des éléments de solution. Je me suis donc borné à interroger, sur la période qui a immédiatement précédé et suivi l’installation française, les descendants des « rois locaux» : Félix, descendant du roi Denis; Louis Berre, descendant du roi Louis; et les descendants du roi Quaben. Tous parlent couramment le français.

Femme Mpongwe

Femme et enfant Mpongwe

Roi Denis et sa femme au Gabon

Prince Félix Adandé Rapoutchoumbo
Agé de 62 ans, comptable à Libreville, habitant au quartier de Glass, le prince Félix est l’arrière-petit-fils et l’héritier du roi Denis dont il m’a montré la couronne avec une médaille d’or envoyée par la reine Victoria, ainsi qu’une médaille dédiée par Louis-Philippe et deux portraits du roi Denis. Il est également, par sa mère, descendant du roi Glass.

L’héritage du trône, chez Denis, avait lieu en ligne directe; chez Glass, par les frères et neveux. Toutes les tribus étaient au sud de l’Estuaire, sauf les Aguékaza.
Glass s’appelait Rendambou ; Kringer s’appelait Regindo. L’influence de Denis se faisait sentir jusque chez les Oroungou.
Il faisait le commerce du caoutchouc, de l’ivoire, des esclaves. Il avait lui-même 500 esclaves, originaires du sud, achetés aux Galoa. Il protégea néanmoins toujours les Européens, d’où les témoignages de reconnaissance de Victoria et de Louis-Philippe. Non seulement il a signé le premier un traité avec la France, mais il intervint auprès des Oroungou pour en faire signer un semblable.

Le roi Denis est mort le 9 mai 1875, à 93 ans; il avait 50 femmes; il fut baptisé in-extrémis par le plus jeune de ses fils.

Prince Louis Berre Monguitigana
Le prince Louis Berre est le descendant direct du roi Louis Dowé. Il me montre une décoration portugaise et une Légion d’honneur modèle 1870. Tous les autres souvenirs du roi Louis ont été brûlés dans un incendie et on n’a gardé de lui aucun portrait. Louis Dowé était allé en France, à Bordeaux et à Marseille. Il en revint avec le capitaine Cousin et s’arrêta au Cap Estérias, chez sa famille maternelle qui était Benga, tribu Bouboundja puis il arriva ici.

Il rendit ensuite visite au roi Denis qui était le frère de sa femme. Il raconta son voyage et fit l’éloge de l’hospitalité française. Denis répondit: D’après les Anglais, les Français nous feront des ennuis. Ils discutèrent. Le temps passa. Le prince de Joinville rendit visite à Denis. Quand Douet arriva en 1839 il trouva les esprits préparés. Le 18 mars 1841, après un dîner à bord, Louis donna à la France l’ancien village de son père, sans rien demander en échange; il s’en remettait à la générosité de la France. Sur l’emplacement de ce village, Edozokolo, s’éleva le Fort d’Aumale (mission Sainte-Marie actuelle).