KOUELE

Les Bakouélé occupent au Gabon: le Haut Ivindo jusqu'à Makokou et quelques villages au nord de Mékambo. Kouélé, singulier; Bakouélé, pluriel. Aucune parenté linguistique avec les Fang, ni les Bakota. Autres Bakouélé au Congo (Souanké, Sembé) et au Cameroun (Yokadouma).

Histoire

Origines et histoire
Les ancêtres venaient d’un pays situé au-delà des sources de l’Ivindo. Le premier village, Ekouk Mbol Nè Bégel, était très loin, dans les montagnes hautes, dénudées, dominant la forêt. Il n’y avait pas d’autres races avec eux. Poussés en avant par les Fang, ils se déplacèrent à Banodjo, puis à Tagna-Oua, puis à Mello em Bekioum. Alors survint la guerre de Pou Pou. Attaqués par les Nzem, les Bakouélés se dispersèrent: les uns se sauvèrent vers Yokadouma, les autres vers Souanké et Ouesso; nos ancêtres se dirigèrent vers le sud.

Ils arrivèrent à une rivière où leurs sorciers tendirent un pont de lianes; ils y passèrent tous. Le premier village ensuite fut Mellando, puis Bongoué et Menigalogo, entre les rivières Boulé et Messah. Ils atteignirent alors le haut Ivindo sur la rive gauche et le descendirent, d’abord avec des radeaux et des perches, puis avec des pirogues imitées des mortiers de bois. Les villages successifs furent Koutoua, Borna Mitab, Balè, Bèkwèl Agnane, Siénasié. Au début de la migration, il n’y avait personne dans le pays, même des Pygmées. Puis on se heurta aux Bakotn.
Le chef Mikwobé, du clan Sadouka, mena lu guerre contre eux. II fut tué par les Bichiwa. Les guerres se faisaient à la lance, au couteau de jet; l’arbalète ne s’employait que pour la chasse aux singes. On luttait aussi contre les Fang, et entre villages Bakouélé. Lors de l’arrivée des Européens, les Bakouélé s’étendaient jusqu’à Mipemba. Ils remontèrent ensuite le fleuve; leurs principaux villages étaient Bègèlé (à l’embouchure de la Djaddié), Zomitanga, Tolomaya.
Des postes militaires furent créés à Madzingo, Mvadhi, Zaza, Karabinzam, Akogafem, Sakamatou. Des commerçants vinrent du Congo; à la suite de vols, un poste militaire fut installé à Makokou ; Il y eut des troubles, suivis de répression. Boye était alors adolescent; la guerre contre les Bakota avait lieu du temps de son grand-père.

Culture

Techniques
Culture : bananes, taro, igname, manioc, maïs. Les forgerons tiraient le fer du sol. Les femmes fabriquaient des poteries en terre cuite. Le feu provenait de la rotation d’un bois pointu dans un bois sec (dyil). Pour vêtement, on utilisait les peaux de bêtes et l’écorce battue. Le raphia vint des Bakota. Les maisons étaient primitivement en feuilles; ensuite on utilisa l’écorce et la paille.

Société Patrilinéaire
Clans (mbia, ondakela) : Dabana, Sasib, Ogésa, Owal, Obigih, Sazoub, Sagol, Baman, Sassio, Sading, Damdakoul, Dambel, Saka, Sakiéda, Samakola, Ogou, Dangela, Ozog, Owem, Daké, Sadouka, Dasangn, Otan, Ogako. Clans exogames, chefs de clans; chefs de village prenant de l’influence au-dessus des clans.

Dot : bracelets de fer, boules de fer, lances, machettes faucilles, petits couteaux, moutons, chiens. Le père en remet une petite partie à l’oncle maternel.

Sanctions pénales: en cas d’adultère l’amant était attaché et égorgé, à moins qu’il ne fût racheté par deux pointes d’éléphant, un mouton, des lances, des faucilles; la femme était battue, attachée, injuriée et, en cas de récidive, gravement blessée. Le voleur pouvait être racheté par ses parents; en cas de récidive, on l’égorgeait. Le meurtre entraînait la guerre. L’amant et le voleur pouvaient être réduits en esclavage. II n’y avait pas de vente d’esclaves au dehors.
La grande famine de 1925 a libéré les esclaves, qu’on ne pouvait plus nourrir.

Commerce
Aucun avant l’arrivée des Européens. On fabriquait le sel végétal avec de la cendre de roseaux, évaporée dans une marmite. On échangeait l’ivoire contre des bracelets de cuivre noir (gwoss) tiré des mines locales et mélangé de fer. Plus tard on a fait des bracelets de laiton (myonda) provenant de neptunes. Le premier commerce portait sur l’ivoire et le caoutchouc qu’on échangeait contre des fusils, de la poudre, du sel, des pagnes, des machettes et des marmites.

Religion
Chaque famille conservait les crânes des personnes influentes, dans des paniers qu’on arrosait de sang de poulet et d’œufs. On plaçait auprès d’eux des têtes sculptées en bois. Le tout était mis à la tête du lit pour donner des rêves, faire voir l’avenir, écarter les malfaiteurs.

Funérailles: le cadavre était placé debout contre le contrefort d’un grand arbre, puis couvert de feuilles de raphia et de lourdes branches pour éviter les carnassiers. La circoncision avait lieu vers 20 ans; c’était une épreuve de virilité; souvent le patient était père de famille. Quand il naissait des jumeaux de sexe différent, le garçon était immédiatement circoncis, sinon la fille se fâcherait; la venue des jumeaux était une bénédiction.

Les jumelles, à la différence des autres femmes, étaient admises dans les cérémonies d’hommes; celles-ci étaient semblables au bouiti, avec un « revenant » couvert de raphia; le Lois malado remplaçait l’iboga; il était placé dans une marmite propre; après avoir bu, les assistants dansaient autour, voyaient d’autres pays, dénonçaient les malfaiteurs et les gens ayant de mauvaises intentions. Le namiqwott était un « bull-roarer » (planchette tournant autour d’une corde) employé pour les danses de funérailles, que les femmes et les enfants ne devaient pas voir. C’était l’esprit des revenants. Il n’y avait pas d’hommes-panthères, mais des hommes hiboux et des femmes-hiboux. Si quelqu’un mourait, on faisait l’autopsie; on interrogeait le devin; si un organe était pourri, c’est qu’un sorcier l’avait mangé. Le devin le dénonçait; si le sorcier ne pouvait payer, il était enterré ou brûlé. « Pourquoi ces questions? », demande un informateur. « Chaque chose a sa cause. Quel est le but? »