GALOA

Les « Galois » des explorateurs habitent les rives du Moyen Ogoué et des lacs voisins en aval de Lambaréné. Dans l'agglomération même de Lambaréné, ils constituent lu population la plus ancienne.

Histoire

Les Galoa sont venus du sud, vers le Fernan Vaz. Leur mère, Moumbè, était aussi celle des Oroungou. Leur nom était alors EIoungou Moumbè, et celui des Oroungou : Ombèkè Moumbè. Ils se sont séparés à Achouka (dernier village Galoa en aval). Les Eloungou disaient: « Myé Galo ao » (je vais là-bas) et les Ombèkè ne répondaient pas (o roungou) d’où leurs noms acluels. C’était l’époque où les Portugais et les Hollandais fréquentaient la côte.

Les Galoa rencontrèrent des Eshira et cohabitèrent avec eux quelque temps. Puis ils se rendirent sur le lac Onangué et s’y fixèrent pour pêcher à la torche et à la sagaie. Ils avaient des radeaux pour aller dans les îles et se mettre à l’abri des Akélé. Ceux-ci, très nomades, hantaient toute la région et faisaient des razzias. Puis il y eut des mariages mixtes, amenant une paix plus ou moins précaire.

Alors des Galoa quittèrent les lacs, remontèrent l’Ogooué et se fixèrent à la pointe de la grande île en disant « lambaréné!) (Essayons).

Un autre village s’établit sur la rive nord (où est maintenant l’hôpital Schweitzer) et un troisième, Adolinanongo, un peu en avant, sur une pointe dominant le fleuve (à l’est de l’habitation actuelle du Dr Schweitzer). Adolinanongo était le village du « Roi-Soleil », Nkombé.

Auparavant chaque clan était indépendant. Nkombé s’est imposé par son intelligence; on avait recours à lui pour régler les palabres; il passait partout en pirogue, proposait des lois et les faisait approuver par tous: au lieu de la compensation traditionnelle, il introduisit la loi du talion; qui tuait par l’épée périssait par l’épée, qui tuait par le bâton était battu à mort; la femme qui quittait son mari pouvait être tuée. Nkombé lui-même était méchant; il tua sa femme.

Femmes Galoa de Talagouga

Culture

Société : Autrefois patrilinéaire et patrilocale. Actuellement il y a un certain retour au système patrilinéaire. L’héritage· est partagé entre les enfants du mort et sa famille maternelle, Clans : Awandji, Adyavi, Akaza, Adyèna, Ayanguè, Avondro, Amoumba, Adonga, Aourou, Aromba, Avemba, Ambini, Asala, Asavia, Ahombé.

Certains clans descendent d’une même mère, Adyèna et Ahombé, Ambini et Aourou, Adyavi et Asah, Il y a exogamie non seulement avec son clan, mais avec le clan parent. La dot consistait autrefois en marchandises: 6 pièces de tissus de 20 yards, un fusil à pierre, un grand neptune, 5 paquets de sel, un miroir, un bonnet rouge, une barre de fer, un collier de traite, une tige de cuivre, 500 g de poudre. Depuis 1883 on paya l’impôt et l’argent fut introduit. Le dot valait jusqu’à 700 francs en écus de 5 francs.

Techniques : Bananes, manioc, ignames, maïs, patates, taro… On défrichait à la hache et on plantait à la machette. Le palmier à huile était spontané : quand il n ‘yen avait pas, on en plantait (ce fut le cas aux lacs). L’alcool était tiré du vin de palme, des bananes rouges, du miel et de la canne à sucre. Pas d’élevage, sauf de rares cabris, moutons et poulets; trop de vols et de carnassiers.

Par contre beaucoup de pêche en saison sèche (paniers, nasses, lignes). Le poisson sec est vendu aux forestiers.
Chasse : Eléphants (il y en avait beaucoup), hippopotames, antilopes, lamantins, sangliers, singes, rats, serpents. Selon les clans, il est interdit de manger du gorille, du chimpanzé, de la panthère, du python.

Il y avait beaucoup de moustiques sur les lacs; on mangeait très tôt et la nuit, on brûlait des nids de fourmis noires ou des brisures de noix de palme pour les écarter. On fabriquait autrefois des marmites en terre et des cruches. Le métier de forgeron était libre; il n’y en a plus aujourd’hui; il travaillait le minerai trouvé en terre. Les vêtements étaient en écorce de bois; on prenait la fibre en dessous de la première écorce; on la battait avec des morceaux de bois, on la lavait, on la séchait au soleil. On obtenait ainsi des bandes d’un mètre de large qu’on portait en pagne avec une ceinture.

Cérémonie

Religion et magie : On invoquait Anyambyé, le Dieu créateur, et les ancêtres, dans les cas de maladies, de famine, de manque de gibier. Le chef de clan officiait le front enduit de blanc, il jetait de l’eau saupoudrée de poudre rouge et blanche vers l’est, vers l’ouest et vers les plantations. Les chasseurs, avant de partir, se livraient à un rite individuel comportant des bains, et des incisions sur la main où l’on versait certaines poudres; les rites duraient cinq jours pendant lesquels on ne devait frapper personne.

Le départ pour la guerre donnait lieu à des cérémonies qui se déroulaient dans un campement de brousse. Certaines écorces et des pousses de bananiers étaient placées dans une marmite pleine d’eau.

À un certain moment l’eau se mettait à « bouillir sans feu » et à tourner dans la marmite en donnant de l’écume. Chacun des guerriers prenait une noix de palme et la plaçait sur l’écume; si la noix plongeait, l’homme mourrait à la guerre; on ne gardait que ceux dont les noix surnageaient. Pour une petite guerre, douze hommes suffisaient.